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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t2.djvu/622

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Révolution et s’immolant dans la solitude, victime volontaire offerte à l’Éternel, pour racheter les maux et les impiétés de la patrie : ainsi saint Jérôme, au fond de sa grotte, tâchait en versant des torrents de larmes, et en élevant ses mains vers le ciel, de retarder la chute de l’empire romain. Cette correspondance offre donc une petite histoire complète, qui a son commencement, son milieu et sa fin. Je ne doute point que si on la publiait comme un simple roman, elle n’eût le plus grand succès…


M. de Cl… était le frère de Clausel de Coussergues. Il mourut, le 4 janvier 1802, au monastère de Sainte-Suzanne de N.-D.-de-la-Trappe, dans la province d’Aragon. Ses lettres, écrites de 1799 à 1801, justifient pleinement les éloges que leur accorde Chateaubriand. Mais le malheur est qu’elles se trouvent dans un Appendice, — et le lecteur (peut-être a-t-il tort ?) lit encore moins les appendices que les préfaces.


Tout le monde avait du talent dans la famille des Clausel. Un autre frère de M. Clausel de Coussergues, l’abbé Clausel de Montals publia, dans les derniers mois de 1816, un livre dont le titre seul renferme une grande pensée : La Religion chrétienne prouvée par la Révolution française. Le Journal des Débats en rendit compte dans son numéro du 27 janvier 1817 :

Je ne sais, disait l’auteur de l’article, si c’est la première fois que M. Clausel de Montals fait imprimer : son style annonce une grande habitude d’écrire et de rendre sa pensée plus forte en la resserrant. Frère de M. Clausel de Coussergues, membre de la Chambre des députés, et de M. Clausel, grand vicaire d’Amiens, résidant à Beauvais, qui prononça, devant l’assemblée électorale du département de l’Oise, un discours que tous les gens de goût conserveront, il n’a rien à envier à ses aînés…


L’abbé Clausel de Montals fut appelé à l’épiscopat en 1824. L’éclat avec lequel il a occupé pendant près de trente ans le siège de Chartres, l’énergie avec laquelle,