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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE


XII

la comtesse de noailles[1].


Nathalie-Luce-Léontine-Joséphine de Laborde de Méréville, fille de M. de Laborde, banquier de la cour, avait épousé, en 1790, Arthur-Jean-Tristan-Charles-Languedoc, comte de Noailles, fils aîné du prince de Poix et petit-fils de cet héroïque duc de Mouchy qui, allant à la guillotine, le 27 juin 1794, à ceux qui lui criaient : « Courage, monsieur le maréchal ! » répondait d’un ton ferme : « À quinze ans j’ai monté à l’assaut pour mon roi ; à près de quatre-vingts je monterai à l’échafaud pour mon Dieu ! » — À la mort de son beau-père (15 février 1819), Mme de Noailles devint duchesse de Mouchy. C’est elle que Chateaubriand a peinte, dans les Aventures du dernier Abencerage, sous le nom de Blanca, comme il s’est peint lui-même sous le nom d’Aben-Hamet :

Les mois s’écoulent, écrivait-il : tantôt errant parmi les ruines de Carthage, tantôt assis sur le tombeau de Saint-Louis, l’Abencerage exilé appelle le jour qui doit le ramener à Grenade. Ce jour se lève enfin : Aben-Hamet monte sur un vaisseau et fait tourner la proue vers Malaga. Avec quel transport, avec quelle joie mêlée de crainte il aperçoit les premiers promontoires de l’Espagne ! Blanca l’attend-elle sur ces bords ? Se souvient-elle encore d’un pauvre Arabe qui ne cessa de l’adorer sous le palmier du désert ?

Sur cette rencontre à Grenade de Chateaubriand et de Mme de Noailles, M. Hyde de Neuville, alors proscrit de France et réfugié en Espagne, nous a donné, dans ses Mémoires, d’intéressants détails :

  1. Ci-dessus, page 528.