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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t3.djvu/115

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

gagé dans les mouvements militaires de notre armée des Alpes. Il reçut l’ordre de se rendre à Gênes : des instructions secrètes lui enjoignirent de reconnaître l’état de la forteresse de Savone, de recueillir des renseignements sur l’intention du gouvernement génois relativement à la coalition. Ces instructions, délivrées à Loano le 25 messidor an ii de la République[1], sont signées Ricord[2].

Bonaparte remplit sa mission. Le 9 thermidor arriva : les députés terroristes furent remplacés par Albitte, Saliceti et Laporte. Tout à coup ils déclarèrent, au nom du peuple français, que le général Bonaparte, commandant l’artillerie de l’armée d’Italie, avait tota-

    de la ville, il est élevé au grade provisoire de général de brigade. Confirmé dans ce grade le 7 janvier 1794, il est chargé à la fois du commandement en chef de l’artillerie de l’armée d’Italie et de l’armement des côtes.

  1. 13 juillet 1794.
  2. Jean-François Ricord (1760-1818). Député du Gard à la Convention, il se signala par son ardeur montagnarde. Très lié avec Augustin Robespierre, il devint, comme lui, l’ami du jeune Bonaparte et le protégea puissamment. Après le 9 thermidor, Ricord fut dénoncé à la Convention et arrêté ; il fut rendu à la liberté par l’amnistie du 4 brumaire an IV (26 octobre 1795). Ressaisi bientôt comme complice de Babœuf, il fut traduit devant la haute cour de Vendôme, qui l’acquitta. Après le 18 brumaire, son ancien protégé, devenu tout puissant, ne parut guère se souvenir des services qu’il en avait autrefois reçus. En l’an IX, ordre lui fut donné de s’éloigner de Paris ; il refusa, fut arrêté le 19 novembre 1800, et relâché quelque temps après. Emprisonné de nouveau à la Force le 23 juillet 1806, il resta douze jours au secret, fut remis en liberté, mais fut placé en résidence à Saint-Benoist-sur-Loire, sous la surveillance de la police. Pendant les Cent-Jours, il obtint du gouvernement impérial les fonctions de lieutenant extraordinaire de police à Bayonne. Atteint par la loi du 12 janvier 1816 contre les régicides, il partit pour la Belgique en février suivant, et y mourut deux ans après.