arrivé en Portugal avait déclaré, d’après le décret de Bonaparte, que la maison de Bragance avait cessé de régner ; protocole adopté : vous savez qu’elle règne encore. On était si bien instruit à Lisbonne de ce qui se passait sur la terre, que Jean VI[1] ne connut ce décret que par un numéro du Moniteur apporté par hasard, et déjà l’armée française était à trois marches de la capitale de la Lusitanie[2]. Il ne restait à la cour qu’à fuir sur ces mers qui saluèrent les voiles de Gama et entendirent les chants de Camoëns.
En même temps que pour son malheur Bonaparte avait au nord touché la Russie, le rideau se leva au midi ; on vit d’autres régions et d’autres scènes, le
- ↑ Jean VI (1767-1826), fils de Pierre III et de la reine Marie Ire, avait été nommé régent du royaume en 1792, lorsque sa mère fut tombée en enfance. En 1807, à la suite de l’invasion française, il se retira avec la famille royale au Brésil, colonie portugaise, et y prit le titre d’Empereur. Il fut proclamé roi du Portugal en 1816 à la mort de sa mère, mais il ne revint dans ce pays qu’en 1821.
- ↑ Une armée d’environ 25 000 hommes, sous les ordres de Junot, s’était mise en mouvement de Bayonne, le 17 octobre 1807, et s’était portée en Portugal. Moins de dix jours après, le 26 octobre, son avant-garde était à Abrantès, à vingt lieues de la capitale, et le conseil du Régent ignorait encore son approche. Ce prince n’avait connu la gravité de sa position qu’en recevant, le 25, le numéro du Moniteur, en date du 13, apporté à Lisbonne par un bâtiment extraordinairement expédié de Londres à l’ambassadeur anglais, — numéro renfermant cette sentence impériale : La maison de Bragance a cessé de régner en Europe.
nies portugaises, et on lui donnait le titre pompeux d’Empereur des deux Amériques. Puis venait un petit article, jeté négligemment à la fin d’un annexe et qui était, en réalité, tout le traité. Cet article stipulait « qu’un nouveau corps de 40 000 hommes serait réuni à Bayonne, pour être prêt à entrer en Espagne et à se porter en Portugal dans le cas où les Anglais enverraient des renforts et menaceraient de l’attaquer. »