« J’ai laissé ignorer à John Fall que je susse qui il était. »
Armand, transporté à Paris, déposé à la Force, subit un interrogatoire secret à la maison d’arrêt militaire de l’Abbaye. Bertrand, capitaine à la première demi-brigade de vétérans, avait été nommé, par le général Hulin devenu commandant d’armes de Paris, juge-rapporteur de la commission militaire chargée, par décret du 25 février, de connaître l’affaire d’Armand.
Les personnes compromises étaient : M. de Goyon[1], envoyé à Brest par Armand, et M. de Boisé-Lucas fils, chargé de remettre des lettres de Henry-Larivière à MM. Laya et Sicard[2], à Paris.
Dans une lettre du 13 mars, écrite à Fouché, Armand lui disait : « Que l’empereur daigne rendre à la liberté des hommes qui languissent dans les prisons pour m’avoir témoigné trop d’intérêt. À tout événement, que la liberté leur soit également rendue. Je recommande ma malheureuse famille à la générosité de l’empereur. »
Ces méprises d’un homme à entrailles humaines qui s’adresse à une hyène font mal. Bonaparte aussi n’était pas le lion de Florence ; il ne se dessaisissait pas de l’enfant aux larmes de la mère. J’avais écrit pour demander une audience à Fouché ; il me l’accorda, et m’assura, avec l’aplomb de la légèreté révo-
- ↑ M. de Goyon-Vaurouault.
- ↑ Laya, l’auteur de l’Ami des lois, et l’abbé Sicard, l’apôtre des sourds-Muets. Henry-Larivière était homme d’esprit et ses lettres étaient pleines de railleries piquantes à l’adresse du gouvernement impérial. Sicard et Laya se tirèrent tous les deux à assez bon compte de cette périlleuse affaire.