est quasi obstruée par un figuier touffu : c’était la retraite accoutumée de Bonaparte, quand les vacances de l’école dans laquelle il étudiait lui permettaient de revenir chez lui. »
L’amour du pays natal suivit chez Napoléon sa marche ordinaire. Bonaparte, en 1788, écrivait, à propos de M. de Sussy, que la Corse offrait un printemps perpétuel ; il ne parla plus de son île quand il fut heureux ; il avait même de l’antipathie pour elle ; elle lui rappelait un berceau trop étroit. Mais à Sainte-Hélène sa patrie lui revint en mémoire : « La Corse avait mille charmes pour Napoléon[1] ; il en détaillait les plus grands traits, la coupe hardie de sa structure physique. Tout y était meilleur, disait-il ; il n’y avait pas jusqu’à l’odeur du sol même : elle lui eût suffi pour le deviner les yeux fermés ; il ne l’avait retrouvée nulle part. Il s’y voyait dans ses premières années, à ses premières amours ; il s’y trouvait dans sa jeunesse au milieu des précipices, franchissant les sommets élevés, les vallées profondes. »
Napoléon trouva le roman dans son berceau ; ce roman commence à Vanina, tuée par Sampietro, son mari[2]. Le baron de Neuhof, ou le roi Théodore, avait paru sur tous les rivages, demandant des secours à l’Angleterre, au pape, au Grand Turc, au bey de Tunis, après s’être fait couronner roi des Corses, qui ne savaient à qui se donner[3]. Voltaire en rit. Les deux
- ↑ Mémorial de Sainte-Hélène.
- ↑ Vanina d’Ornano, femme du corse Sampietro, fut étranglée par son mari, qui la tenait pour criminelle, parce que, voulant le sauver, elle avait imploré sa grâce auprès du sénat de Gênes, qui l’avait frappé de proscription (1567).
- ↑ Théodore, baron de Neuhof, né à Metz vers 1690, était