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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Le 18 mai 1817, lord Holland, dans la Chambre des pairs, fit une proposition au sujet des plaintes transmises en Angleterre par le général Montholon : « La postérité n’examinera pas, dit-il, si Napoléon a été justement puni de ses crimes, mais si l’Angleterre a montré la générosité qui convenait à une grande nation. » Lord Bathurst combattit la motion.

Le cardinal Fesch dépêcha d’Italie deux prêtres[1] à son neveu. La princesse Borghèse sollicitai la faveur de rejoindre son frère : « Non, dit Napoléon, je ne veux pas qu’elle soit témoin de mon humiliation et des insultes auxquelles je suis exposé. » Cette sœur aimée, germana Jovis, ne traversa pas les mers ; elle mourut aux lieux où Napoléon avait laissé sa renommée.

Des projets d’enlèvement se formèrent : un colonel

    demandé que ce document lui fût renvoyé, disant que c’est un journal qui était tenu par ses ordres exprès et le seul mémorandum qu’il ait de tout ce qui lui est arrivé. Le comte Las Cases, au contraire, réclame ces papiers comme lui appartenant en propre ; il les appelle ses pensées et ne veut pas convenir que le général Bonaparte en ait connaissance… En ce moment, chacun d’eux ignore encore les réclamations de l’autre. La conduite la plus prudente que je croie devoir tenir sera de garder le journal scellé avec le cachet du comte Las Cases et le mien, jusqu’à ce que Votre Seigneurie ait envoyé ses instructions à ce sujet. » (Tome II p. 76.)

  1. L’abbé Buonavita et l’abbé Vignale. « À cette époque, dit M. Thiers, c’est-à-dire vers la fin de 1819, arrivèrent à Sainte-Hélène les personnages envoyés par le cardinal Fesch. C’étaient un bon vieux prêtre, l’abbé Buonavita, ancien missionnaire au Mexique, et un jeune ecclésiastique, l’abbé Vignale, l’un et l’autre fort honnêtes gens, mais sans instruction et sans esprit. » (Histoire du Consulat et de l’Empire, tome XX, p. 688.) — Les deux prêtres arrivèrent à Sainte-Hélène le 20 septembre 1819. (William Forsyth, tome III. p. 149.)