que le 4 avril, à onze heures du matin, on a reçu à Paris ma dépêche télégraphique de Rome à Toulon, dépêche qui annonçait la nomination du cardinal Castiglioni, et que le roi est fort content.
« La rapidité de ces communications est prodigieuse ; mon courrier est parti le 31 mars, à huit heures du soir, et le 8 avril, à huit heures du soir, j’ai reçu la réponse de Paris[1]. »
« Nous voilà au 11 avril : dans huit jours nous aurons Pâques, dans quinze jours mon congé et puis vous voir ! Tout disparaît dans cette espérance ; je ne suis plus triste ; je ne songe plus aux ministres ni à la politique. Demain nous commençons la semaine sainte. Je penserai à tout ce que vous m’avez dit. Que n’êtes-vous ici pour entendre avec moi les beaux chants de douleur ! Nous irions nous promener dans les déserts de la campagne de Rome,
- ↑ En même temps que cette lettre, Chateaubriand envoyait à Mme Récamier le billet suivant destiné au jeune Canaris :
« Rome, 9 avril 1829.
« Mon cher Canaris, je vous dois depuis longtemps une réponse. Vous m’excuserez, parce que j’ai eu beaucoup d’affaires. Voici mes recommandations :
« Aimez bien Mme Récamier. N’oubliez jamais que vous êtes né en Grèce ; que ma patrie devenue libre a versé son sang pour la liberté de la vôtre ; soyez surtout bon chrétien, c’est-à-dire honnête homme, et soumis à la volonté de Dieu. Avec cela, mon cher petit ami, vous maintiendrez votre nom sur la liste de ces anciens fameux Grecs, où l’a déjà placé votre illustre père.
« Je vous embrasse.
« Chateaubriand. »