La première invasion des Français, à Rome, sous le Directoire, fut infâme et spoliatrice ; la seconde, sous l’Empire, fut inique : mais, une fois accomplie, l’ordre régna.
La République demanda à Rome, pour un armistice, vingt-deux millions, l’occupation de la citadelle d’Ancône, cent tableaux et statues, cent manuscrits au choix des commissaires français. On voulait surtout avoir le buste de Brutus et celui de Marc-Aurèle : tant de gens en France s’appelaient alors Brutus ! il était tout simple qu’ils désirassent posséder la pieuse image de leur père putatif ; mais Marc-Aurèle, de qui était-il parent ? Attila, pour s’éloigner de Rome, ne demanda qu’un certain nombre de livres de poivre et de soie : de notre temps, elle s’est un moment rachetée avec des tableaux. De grands artistes, souvent négligés et malheureux, ont laissé leurs chefs-d’œuvre pour servir de rançon aux ingrates cités qui les avaient méconnus.
Les Français de l’Empire eurent à réparer les ravages qu’avaient faits à Rome les Français de la République ; ils devaient aussi une expiation à ce sac de Rome accompli par une armée que conduisait un prince français[1] : c’était à Bonaparte qu’il convenait de mettre de l’ordre dans des ruines qu’un autre Bonaparte avait vu croître et dont il a décrit le bouleversement[2]. Le plan que suivit l’administration française