Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t5.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
279
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE


trois francs, répondit le maréchal. — Elle remontera, » répartit le Dauphin ; et chacun s’en alla.

JOURNÉE DU 27 JUILLET.

La journée du 27 commença mal. Le roi investit du commandement de Paris le duc de Raguse : c’était s’appuyer sur la mauvaise fortune. Le maréchal se vint installer à une heure à l’état-major de la garde, place du Carrousel. M. Mangin envoya saisir les presses du National ; M. Carrel résista ; MM. Mignet et Thiers, croyant la partie perdue, disparurent pendant deux jours : M. Thiers alla se cacher dans la vallée de Montmorency, chez une madame de Courchamp[1], parente des deux MM. Béquet[2], dont l’un a travaillé au National, et l’autre au Journal des Débats.

Au Temps, la chose prit un caractère plus sérieux : le véritable héros des journalistes est incontestablement M. Coste.

  1. « M. Thiers, qui avait si bien parlé la veille des têtes à engager, croyant la sienne menacée, alla chercher une prudente retraite dans la vallée de Montmorency, chez Mme de Courchamp, la sœur d’Étienne Béquet. » Notes inédites sur M. Thiers, par Joseph d’Arçay (le Dr Bonnet de Malherbe), p. 52.
  2. Des deux frères Béquet, le seul qui ait laissé un nom était le rédacteur des Débats, Étienne Béquet (1800-1838). C’est lui qui avait écrit, au mois d’août 1829, à l’avènement du ministère Polignac, le fameux article se terminant par ces mots : « Malheureuse France ! malheureux roi ! » Son principal titre est le feuilleton hebdomadaire qu’il rédigea pendant quinze ans, et qu’il signait de la lettre R. « Il savait, selon le mot de Jules Janin, tout dire sans offenser personne. » En 1829, presque en même temps que son célèbre article des Débats, il avait publié dans la Revue de Paris une nouvelle, Marie ou le Mouchoir bleu, qui avait eu un succès prodigieux.