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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Choiseul[1]. On ne s’explique guère l’association du dernier nom avec les deux autres ; aussi M. de Choiseul a-t-il protesté. Ce vieillard libéral, qui, pour faire le vivant, se tenait roide comme un mort, émigré et naufragé à Calais, ne retrouva pour foyer paternel, en rentrant en France, qu’une loge à l’Opéra.

À trois heures du soir, nouvelle confusion. Un ordre du jour convoqua les députés réunis à Paris, à l’Hôtel de Ville, pour y conférer sur les mesures à prendre. Les maires devaient être rendus à leurs mairies ; ils devaient aussi envoyer un de leurs adjoints à l’Hôtel de Ville, afin d’y composer une commission consultative. Cet ordre du jour était signé : J. Baude, pour le gouvernement provisoire, et colonel Zimmer, par ordre du général Dubourg. Cette audace de trois personnes, qui parlent au nom d’un gouvernement qui n’existait qu’affiché par lui-même au coin des

    1833, de nouveau ministre de la Guerre, avec la présidence du Conseil, du 18 juillet au 19 octobre 1834, il fut nommé, le 4 février 1836, grand chancelier de la Légion d’honneur. Le gouvernement provisoire du 24 février 1848 le destitua ; le second Empire le nomma sénateur (26 janvier 1853). Il mourut trois mois après, le 17 avril, et fut inhumé aux Invalides.

  1. Claude-Antoine-Gabriel, duc de Choiseul-Stainville (1760-1838). Chevalier d’honneur de la reine Marie-Antoinette, il était resté auprès d’elle jusqu’à son incarcération au Temple, et il n’avait émigré que quand sa tête avait été mise à prix. Arrêté à Calais, à la suite d’un naufrage (novembre 1795), et acquitté par le Conseil de guerre devant lequel on l’avait traduit, il n’en avait pas moins été retenu en prison par le Directoire, et finalement condamné à mort. Le 18 brumaire le sauva. La Restauration l’appela à la pairie (4 juin 1814), et plus tard au poste de gouverneur du Louvre (28 mai 1820). Son attitude à la Chambre des pairs et sa constante opposition au ministère Villèle lui avaient valu une grande popularité. Le roi Louis-Philippe le choisit pour un de ses aides de camp.