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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

III

FRAGMENTS INÉDITS DES MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE[1]

Au printemps de 1832, au plus fort de l’invasion du choléra, le duc de Noailles fut présenté à Mme  Récamier. Il fut aussitôt adopté par elle et par M. de Chateaubriand. Ce dernier prisait très haut le jugement et le sens politique, la raison et la droiture du jeune pair de France, qui venait de débuter avec éclat à la tribune de la Chambre haute et qui devait-être, dix-sept ans plus tard, son successeur à l’Académie française.

Au mois de septembre 1836, Chateaubriand alla passer quelques jours au château de Maintenon, chez M. de Noailles, et il écrivit un chapitre qu’il destinait à ses Mémoires. Ce chapitre cependant n’y fut pas inséré ; le manuscrit en fut donné par l’auteur à Mme  Récamier. Mme  Lenormant l’a publié au tome II de ses Souvenirs et Correspondance tirés des papiers de Mme  Récamier, pages 453 et suivantes, et nous le reproduisons ici comme un complément naturel et nécessaire des Mémoires.

Maintenon, septembre 1836.
INCIDENCES. — JARDINS.
Je reprends la plume au château de Maintenon dont je parcours les jardins à la lumière de l’automne ; peregrinæ gentis amœnum hospitium.
En passant devant les côtes de la Grèce, je me demandais autrefois ce qu’étaient devenus les quatre arpents du jardin d’Alcinoüs, ombragés de grenadiers, de pommiers, de figuiers et ornés de deux fontaines ? Le potager du bonhomme Laërte à Ithaque n’avait plus ses vingt-deux poiriers, lorsque je naviguai devant cette île, et l’on ne me sut dire si Zante était tou-
  1. Ci-dessus, page 364.