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Page:Chateaubriand - Oeuvres de Lucile de.djvu/25

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lucile de chateaubriand

jusqu’à midi : la plupart du temps je ne faisais rien.

« À onze heures et demie, on sonnait le dîner que l’on servait à midi. La grand’salle était à la fois salle à manger et salon : on dînait et l'on soupait à l’une de ses extrémités du côté de l’ouest, devant une énorme cheminée. La grand’salle était boisée, peinte en gris blanc et ornée de vieux portraits depuis le règne de François Ier jusqu’à celui de Louis XIV ; parmi ces portraits, on distinguait ceux de Condé et de Turenne : un tableau, représentant Hector tué par Achille sous les murs de Troie, était suspendu au-dessus de la cheminée.

« Le dîner fait, on restait ensemble, jusqu’à deux heures. Alors, si l’été mon père prenait le divertissement de la pêche, visitait ses potagers, se promenait dans l’étendue du vol du chapon ; si l’automne et l’hiver, il partait pour la chasse, ma mère se retirait dans la chapelle où elle passait quelques heures en prière. Cette chapelle était un oratoire sombre, embelli de bons tableaux des plus grands maîtres, qu’on ne s’attendait guère à trouver dans un château féodal, au fond de la Bretagne. J’ai aujourd’hui en ma possession une Sainte Famille de l’Albane, peinte sur cuivre, tirée de cette chapelle : c’est tout ce qui me reste de Combourg.

« Mon père parti et ma mère en prière, Lucile s’en-