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Page:Chateaubriand - Oeuvres de Lucile de.djvu/94

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œuvres de lucile de chateaubriand

votre lettre, et, quoique je l’aie relue plusieurs fois, à vous dire vrai, madame, je ne sais pas tout ce qu’elle contient. La joie que je ressens toujours en voyant cette lettre si désirée nuit à l’attention que je lui dois.

Vous partez donc, madame ? N’allez pas, rendue au Mont-Dore, oublier votre santé ; donnez-lui tous vos soins, je vous en supplie du meilleur et du plus tendre de mon cœur. Mon frère m’a mandé qu’il espérait vous voir en Italie. Le destin, comme la nature, se plaît à le distinguer de moi d’une manière bien favorable. Au moins, je ne céderai pas à mon frère le bonheur de vous aimer : je le partagerai avec lui toute ma vie. Mon Dieu, madame, que j’ai le cœur serré et abattu ! Vous ne savez pas combien vos lettres me sont salutaires, comme elles m’inspirent du dédain pour mes maux ! L’idée que je vous occupe, que je vous intéresse, m’élève singulièrement le courage. Écrivez-moi donc, madame, afin que je puisse conserver une idée qui m’est si nécessaire.

Je n’ai point encore vu M. Chênedollé ; je désire beaucoup son arrivée. Je pourrai lui parler de vous et de M. Joubert ; ce sera pour