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LIVRE DEUXIÈME

dont il se laissa dévaler. Caché dans une meule de foin, mené à Beaupréau par M. et madame de Brissac, il fut transporté à Saint-Sébastien en Espagne, sur une balandre de la Loire. Il vit à Saragosse un prêtre qui se promenait seul, parce qu’il avait enterré son paroissien pestiféré. À Valence, les orangers formaient les palissades des grands chemins, Retz respirait l’air qu’avait respiré Vannozia. Embarqué pour l’Italie, à Mayorque le vice-roi le reçut : il entendit des filles pieuses à la grille d’un couvent : elles chantaient. Après trois jours il traversa le canal de la Corse, alors inconnu, aujourd’hui fameux. Il arriva à Porto-Longone ; il se rendit à Porto-Ferrajo, qui plus tard reçut Bonaparte, homme d’un autre monde, changé d’empire, jamais détrôné. Enfin il prit terre à Piombino, et poursuivit sa route vers Rome.

Un conclave s’ouvrit en 1655 par la mort d’Innocent X. Le cardinal de Retz s’attacha à l’escadron volant : Chigi fut élu sous le nom d’Alexandre VII. Retz fit courir le bruit qu’il avait contribué à l’élection : Joly, son secrétaire, assure qu’il n’en fut rien.

Retz se retira à Besançon, séjourna à Constance, puis à Ulm, et il alla voir en Angleterre Charles II,