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LIVRE TROISIÈME




Ici commence la nouvelle vie de Rancé : nous entrons dans la région du profond silence. Rancé rompt avec sa jeunesse, il la chasse et ne la revoit plus. Nous l’avons rencontré dans ses égarements, nous allons le retrouver dans ses austérités. La pénitence était son arrière-garde ; il se mettait à sa tête, se retournait, et donnait avec elle sur le monde. Il paraissait dans son extérieur, disent les historiens, une majesté qui ne prévoit venir que du Dieu de majesté. Ceux à qui leur conscience remâcha quelque chose ne l’osaient venir rechercher, persuadés qu’il connaissait divinement ce qu’ils avaient de plus caché. « Qui me donnera, s’écriait-il, les ailes de la colombe pour fuir la société des hommes ! » Dans mes temps de poésie, j’ai mis moi-même ces paroles de l’Écriture dans un chant de femme[1]. L’hymne de Rancé se termine par ces mots : « Les créatures me suivent partout ; elles m’im-

  1. Cymodocée.