muets dans les obscures sacristies : à peine entendait-on la voix d’une femme étrangère qui passait.
Rentré dans son royaume des expiations, Rancé dressa des constitutions pour ce monde, convenables à ceux qui pleuraient. Dans le discours qui précède ces constitutions, il dit[1] : « L’abbaye est sise dans un vallon fort solitaire ; quiconque voudra y demeurer n’y doit apporter que son âme : la chair n’a que faire là-dedans. »
On croit lire quelque fragment des douze tables, ou la consigne d’un camp des quarante-deux stations israélites. On remarque ces prescriptions :
« On se lèvera à deux heures pour matines ; on fera l’espace d’entre les coups de la cloche fort petit, pour ôter lieu à la paresse. On gardera une grande modestie dans l’église, on fera tous ensemble les inclinations du corps et les génuflexions. On sera découvert depuis le commencement de matines jusqu’au premier psaume. »
On ne tournera jamais la tête dans le dortoir et l’on marchera avec gravité. On n’entrera jamais dans les cellules les uns des autres. On couchera sur une paillasse piquée, qui ait tout au
- ↑ Constitutions de l’abbaye de la Trappe, Paris, 1671.