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VIE DE RANCÉ

durée ne vous paraîtront qu’une vapeur dans ce point auquel il faudra qu’elle finisse. »

Le 7 septembre 1672 Rancé présenta une requête au roi en faveur de la réforme ; il commence par dire que les anciens solitaires, dont il ne mérite de porter ni le nom ni l’habit, n’ont point fait difficulté de sortir du fond de leurs déserts pour le service de Dieu ; qu’à leur exemple il croirait manquer au plus saint de ses devoirs s’il se taisait ; que malheureusement il ne va parler que pour se plaindre, et que celui qui lui ouvre la bouche n’a mis sur ses lèvres que des paroles de douleur. De là passant à son sujet, il parle de l’ordre de Cîteaux, prêt à retomber dans les périls dont il est échappé, par le défaut de protection refusée à l’étroite observance établie par Louis XIII. Pendant que les solitaires ont vécu dans la perfection ils ont été considérés comme les anges tutélaires des monarchies ; ils ont soutenu, par le pouvoir qu’ils avaient auprès de Dieu, la fortune de l’empire : une sainte recluse avait connu en esprit ce qui se passait à la journée de Lépante. « Votre Majesté, ajoute Rancé, ne sera point surprise qu’étant obligé par le devoir de ma profession de me présenter à tous les instants au pied des autels du Roi du ciel, j’aborde une