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LIVRE QUATRIÈME

sommes souvent engagés dans celles des autres sans nous en apercevoir. Pour moi, je suis persuadé qu’en de telles manières la voie la plus sure est de demeurer dans la soumission et dans le silence. C’est le moyen de m’attirer tous les partis et de ne plaire à personne ? mais, pourvu que je plaise à Dieu et que je me tienne dans son ordre, je ne me mets point en peine de quelle manière les hommes expliqueront ma conduite. Véritablement je ne sais plus de ce monde, et je ne suis pas assez malheureux pour y rentrer après l’avoir quitté par le dessein que j’aurais de le contenter contre mon devoir et les mouvements de ma conscience. Vous connaîtrez sans doute, monsieur, qu’il est si difficile, lorsqu’on parle dans les causes, même les plus justes, de se tenir dans les règles de la modération et de la charité, que ceux-là sont heureux que Dieu a mis dans des états où rien ne les oblige ni de parler ni de se produire ; et je vous confesse que je ne me lasse point d’admirer et de plaindre en même temps l’aveuglement de la plupart des hommes qui ne font non plus de difficulté de dire : Cet homme est schismatique, que s’ils disaient : Il a le teint pâle et le visage mauvais. Quand je vous dis,