Page:Chateaubriand - Vie de Rancé, 2è édition, 1844.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
187
LIVRE QUATRIÈME

à l’Église sans avoir de liaison avec personne, parce que j’ai cru qu’il n’y en avait point qui ne fût dangereuse et que le meilleur des partis était de n’en point avoir, mais de s’attacher simplement à Jésus-Christ et à ceux auxquels il a donné sa puissance et son autorité dans son Église.

» J’ai demeuré dans le repos et dans le silence ; et comme je pense souvent à cette grande vérité, que Dieu jugera sans miséricorde ceux qui auront jugé leurs frères sans compassion, je me suis abstenu de m’expliquer et de condamner la conduite et les sentiments de personne sachant que je ne le devais pas, à moins que d’avoir des évidences et des certitudes que je n’ai jamais eues et d’y être engagé par de véritables nécessités. Je n’ai nul dessein de plaire aux hommes, je ne recherche ni leur approbation ni leur estime, et je sais trop que Dieu ne marque jamais plus clairement dans ceux qui sont à lui et qu’il ne rejette point les services qu’ils lui rendent, que quand il permet qu’on les persécute ; et la seule peine que j’aie est de voir que ces gens-là engagent leurs consciences comme s’ils ne savaient pas que Dieu jugera les calomnia-