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Page:Chateaubriand - Vie de Rancé, 2è édition, 1844.djvu/275

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LIVRE QUATRIÈME

« C’était une vieille Gasconne, dit Saint-Simon, ou plutôt du Languedoc, qui avait le parler à l’excès, carrée, entre deux tailles, fort maigre, le visage jaune, extrêmement laid, des yeux très-vifs, une physionomie ardente, mais qu’elle savait adoucir ; vive, éloquente, savante, avec un air prophétique qui imposait. Elle dormait peu et sur la dure, ne mangeait presque rien, assez mal vêtue, et qui ne se laissait voir qu’avec mystère. Cette créature a toujours été une énigme ; car il est vrai qu’elle était désintéressée, qu’elle a fait de grandes et surprenantes conversions, qui ont tenu. »

Six semaines durant, M. de la Trappe se défendit de voir Mlle Rose. Elle partit comme elle était venue.

La Bruyère fait ainsi le portrait d’un autre homme qui fréquentait la Trappe :

« Concevez, dit La Bruyère, un homme facile et doux, complaisant, traitable, et tout d’un coup violent, colère, fougueux, capricieux : imaginez-vous un homme simple, ingénu, crédule, badin, volage, un enfant en cheveux gris ; mais permettez-lui de se recueillir, ou plutôt de se livrer à un génie qui agit en lui, j’ose dire sans qu’il y prenne part et comme à son insu,