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LIVRE PREMIER

l’arc et le visage de Diane ; elle était si charmante qu’elle vainquit au chant un rossignol et que la tour de Montlhéry haussait le cou dans les nues pour apercevoir ses beaux yeux[1].

Il y avait un cabinet appelé la chambre bleue, à cause de son ameublement de velours bleu rehaussé d’or et d’argent. On y respirait des parfums, on y composait des stances à Zyrphée, reine d’Argennes à la cour d’Arthénice, anagramme du nom de Catherine, faite par Racan pour Catherine de Rambouillet, dont il était amoureux. Celle-ci écrit à l’évêque de Vence : « Je vous souhaite à tout moment dans la loge de Zyrphée ; elle est soutenue par des colonnes de marbre transparent, et a été bâtie au-dessus de la moyenne région de l’air par la reine Zyrphée. Le ciel y est toujours serein ; les nuages n’y offusquent ni la vue ni l’entendement, et de là tout à mon aise j’ai considéré le trébuchement de l’ange terrestre. » L’Astrée de d’Urfé, publié entre 1610 et 1620, florissait à l’hôtel de Rambouillet. C’est par l’Astrée que s’introduisirent les longs verbiages d’amour, peut-être nécessaires pour corriger les amours du seizième

  1. Recueil de chansons manuscrites. (Bib. royale)