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VIE DE RANCÉ

rière ce transparent tendu par la main d’une nouvelle habitante de Céa.

On n’a jamais bien su la cause de la disgrâce du correspondant de Ninon et de l’implacabilité de Louis XIV. La lettre politique citée par Saint-Simon, malgré la susceptibilité du roi (fort naturelle après les troubles de sa minorité), ne saurait être la vraie cause de sa disgrâce ; il faut qu’il y ait eu quelque blessure secrète : Saint-Évremond avait été lié avec Fouquet, et Fouquet touchait aux lettres de madame de La Vallière.

Les lettres de Saint-Évremond, en réponse à mademoiselle de Lenclos sont agréables sans être naturelles, On reconnaissait parmi les étrangers ces éclats détachés de la planète de la France, et qui formaient de petites sphères indépendantes de la région dans laquelle elles tournaient. Il est à peu près certain que Saint-Évremond est l’auteur de la conversation du père Canaye avec le maréchal d’Hocquincourt.

L’Anacréon du Temple, ainsi appelait-on Chaulieu, parlant de la vieille mademoiselle de Lenclos, assurait que l’amour s’était retiré jusque dans ses rides ; toute cette jeune société avait plus de quatre-vingts ans. Voltaire, au sortir du collège, fut présenté à Ninon. Elle lui laissa deux