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LIVRE DEUXIÈME

cents lettres de Rancé, lettres qui étaient sans doute la partie de la vie de Rancé sur laquelle il serait si curieux d’avoir des renseignements. De la direction du P. Séguenot, Rancé passa sous la conduite du P. de Mouchy, homme instruit et bien né.

Des avertissements sous différentes formes arrivaient de toutes parts à Rancé. Dans les Obligations des chrétiens, il raconte cette agréable histoire :

« Un jour je joignis un berger qui conduisait un troupeau dans une grande campagne, par un temps qui l’avait obligé à se retirer à l’abri d’un grand arbre pour se mettre à couvert de la pluie et de l’orage. Il me dit que ce lui était une consolation de conduire ses bêtes simples et innocentes, et qu’il ne voudrait pas quitter la terre pour aller dans le ciel, s’il ne croyait y trouver des campagnes et des troupeaux à conduire. »

À Veretz, au lieu de se plaire dans l’ancienne maison de ses délices, Rancé fut choqué de sa magnificence. Les meubles éclataient d’argent et d’or, les lits étaient superbes. La Mollesse même s’y serait trouvée trop à l’aise, dit un classique du temps. Les salons étaient ornés de tableaux de prix, les jardins délicieusement dessinés. C’était trop pour un homme qui ne voyait plus rien