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LIVRE DEUXIÈME

n’étaient point à comparer à la belle personne qu’il pleurait, mais qu’elles avaient pour lui des sentiments qui ne le cédaient en vivacité à aucun de ceux qu’il avait inspirés. Rancé se munit d’un crucifix, et s’enfuit.

On conseilla à Rancé de se consacrer aux missions, aller aux Indes, errer dans les rochers de l’Himalaya, et il y avait là des analogies avec la grandeur et la tristesse du génie de Rancé ; mais il était appelé ailleurs.

Poussé par ses malheurs, retenu par ses habitudes, Rancé n’avait point encore renoncé à ses emplois. Le temps de son quartier de service, comme aumônier du duc d’Orléans, était revenu ; il se rendit à Blois. Il avait déjà hasardé auprès du prince des idées de retraite : l’entrée en religion de la mère Louise avait mûri dans Gaston ces idées. La maîtresse convertie priait à la Visitation, à Tours, pour faire une violence à la miséricorde de Dieu. Il fut convenu que Gaston se retirerait au château de Chambor avec douze de ses plus fidèles serviteurs. Rancé fut choisi pour accompagner le prince.

Le Bouthillier possédait, près du parc de Chambor, un prieuré de l’ordre de Grammont. Ce prieuré était desservi par sept ou huit religieux.