Page:Chateaubriand - Voyage en Italie, édition 1921.djvu/69

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d’une mère l’espérance d’élever un fils chrétien, c’est-à-dire un fils soumis, respectueux, attaché à ses parents. Je ne sais ce que vaut mon ouvrage ; mais aurais-je goûté cette joie pure si j’eusse écrit avec tout le talent imaginable un livre qui aurait blessé les mœurs et la religion ?

Dites à notre petite société, mon cher ami, combien je la regrette : elle a un charme inexprimable, parce qu’on sent que ces personnes qui causent si naturellement de matières communes peuvent traiter les plus hauts sujets, et que cette simplicité de discours ne vient pas d’indigence, mais de choix.

Je quittai Lyon le... à cinq heures du matin. Je ne vous ferai pas l’éloge de cette ville ; ses ruines sont là ; elles parleront à la postérité : tandis que le courage, la loyauté et la religion seront en honneur parmi les hommes, Lyon ne sera pas oublié.

Nos amis m’ont fait promettre de leur écrire de la route. J’ai marché trop vite et le temps m’a manqué pour tenir parole. J’ai seulement barbouillé au crayon, sur un portefeuille, le petit journal que je vous envoie. Vous pourriez trouver dans le livre de postes les noms des pays inconnus que j’ai découverts, comme, par exemple, Pont-de-Beauvoisin et Chambéry, mais vous m’avez tant répété qu’il fallait des notes, et toujours des notes, que nos amis ne pourront se plaindre si je vous prends au mot.