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la hutte d’un Siminole sous un magnolia, ou d’un Chipowois sous un pin, a tout un autre caractère que la cabane d’un Savoyard sous un noyer.



Lettre deuxième à M. Joubert

Milan, lundi matin, 21 juin 1803.

Je vais toujours commencer ma lettre, mon cher ami, sans savoir quand j’aurai le temps de la finir.

Réparation complète à l’Italie. Vous aurez vu, par mon petit journal daté de Turin, que je n’avais pas été très flatté de la première vue. L’effet des environs de Turin est beau, mais ils sentent encore la Gaule : on peut se croire en Normandie, aux montagnes près. Turin est une ville nouvelle, propre, régulière, fort ornée de palais, mais d’un aspect un peu triste.

Mes jugements se sont rectifiés en traversant la Lombardie : l’effet ne se produit pourtant sur le voyageur qu’à la longue. Vous voyez d’abord un pays fort riche dans l’ensemble, et vous dites : " C’est bien ; " mais quand vous venez à détailler les objets, l’enchantement arrive. Des prairies dont la verdure surpasse la fraîcheur et la finesse des gazons anglais se mêlent à des champs de maïs, de