Page:Chaucer - Les Contes de Canterbury.djvu/105

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aucune sorte de flèche, ni de hache, ni de couteau court
n’introduise dans les lices ou n’y apporte.
Que nulle courte épée à pointe affilée pour coups d’estoc
n’y soit tirée par aucun, ni portée au côté.
Et nul ne fera à cheval contre son adversaire
plus d’une passe avec la lance aiguisée.
2550Qu’il lutte à pied, s’il veut, pour se défendre.
Et celui qui aura désavantage sera pris
et non pas tué, mais amené au poteau
qui sera placé de chaque côté ;
il y sera entraîné de force et y devra rester.
El s’il arrive que le chef soit pris
d’un côté ou de l’autre, ou s’il tue son rival,
le tournoi devra aussitôt cesser.
Dieu vous garde ; en avant et frappez ferme ;
avec l’épée longue et les masses luttez votre soûl,
2560Partez maintenant ; tel est l'ordre du seigneur. »

La voix du peuple toucha le ciel
tant ils crièrent fort avec accent joyeux :
« Dieu sauve un tel seigneur qui est si bon,
et ne veut pas qu’on détruise la vie ! »
Et trompes et musique de retentir.
Et vers les lices partit la compagnie
en bel ordre à travers la cité grande,
tendue de drap d’or et non pas de serge.

Comme un très noble seigneur ce gentil duc chevauchait
2570avec les deux Thébains, un de chaque côté ;
et derrière venaient la reine et Émilie,
et derrière une autre compagnie
de tel et tel, selon sa qualité.
Et ainsi ils passèrent à travers la cité,
et aux lices ils arrivèrent à l’heure.
Prime n’était pas encore tout écoulée
qu’à leurs places étaient Thésée tant riche et noble,
Hippolyte la reine, et Émilie,
et autres dames par rang de qualité.
2580Sur les sièges se presse tout le cortège ;
et vers l’ouest par le portail de Mars,