Sire Topaze tourne bride au plus vite ;
le géant lui jeta des pierres
avec une terrible fronde[1] ;
mais l’enfant Topaze l’échappe belle ;
et ce fut tout grâce à Dieu
et à sa belle attitude.
Écoutez encore, seigneurs, mon conte
plus plaisant que le rossignol,
car je vais vous gazouiller maintenant
comment Sire Topaze à la taille fine
chevauchant par mont et par val
est revenu chez lui.
À ses joyeux compagnons il commanda
de lui faire fête et liesse,
car il lui faut se battre
contre un géant à trois têtes,
pour l’amour et la joyeuseté
de quelqu’une qui brillait comme un astre,
« Faites venir, dit-il, mes ménestrels
et gesteurs pour conter des contes
sur-le-champ en m’armant ;
des romans sur thèmes royaux,
et de papes et de cardinaux,
et aussi de plaisir d’amour. »
Ils lui apportèrent d’abord le vin doux
et l’hydromel dans un bol d’érable
et de royales épices
de gingembre qui était très fin,
et de réglisse, et aussi de cumin,
avec du sucre qui est tant exquis.
Il revêtit contre sa blanche peau,
d’étoffe de lin fin et clair
des chausses et aussi une chemise ;
et sur sa chemise un hoqueton[2]
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