Page:Chaucer - Les Contes de Canterbury.djvu/375

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et eux obéissent à son commandement,
chacun faisant toute diligence
pour que la fête soit dignement célébrée.


Explicit prima pars.


Incipit secunda pars.


Non loin de ce palais vénérable
où le marquis préparait son mariage,
se trouvait un hameau, au site délectable,
200où les pauvres villageois
tenaient leurs bêtes et s’hébergeaient,
par leur labeur tirant leur subsistance
des dons plus ou moins abondants de la terre.

Parmi ces pauvres gens habitait un homme
que l’on tenait pour le plus pauvre de tous ;
mais le Tout-Puissant parfois envoie
sa grâce dans une humble crèche :
Janicule, ainsi l’appelaient les gens de ce hameau.
Il avait une fille, suffisamment belle à la vue,
210et Grisilde[1] était le nom de cette jeune vierge.

Mais s’il s’agit de beauté vertueuse,
alors elle était des plus belles sous le soleil ;
car, pauvrement élevée comme elle l’était,
jamais désir sensuel n’avait traversé son cœur ;
c’était plus souvent à la fontaine qu’à la tonne
quelle buvait, et, voulant plaire à la vertu,
elle connaissait bien le labeur, mais non point l’oisiveté et ses aises.

Et quoique cette enfant fût d’âge tendre,
néanmoins, dans le sein de sa virginité,
220était enclos un cœur sérieux et mûr ;
et avec grand respect et grande charité
elle soignait son pauvre vieux père ;
tout en filant, elle gardait quelques brebis dans les champs :
point ne voulait-elle être oisive jusqu’au dormir.

  1. Grisélidis.