bien des choses que vous verrez pourront vous tromper.
Prenez garde, je vous en prie, car, par le roi du ciel,
bien des hommes croient voir une chose,
et la vérité est toute autre que ce qu’il semble.
Celui qui conçoit mal juge mal. »
Et sur ce mot elle saute à bas de l’arbre.
Ce Janvier, qui est plus content que lui ?
Il la baise et l’accole mainte et mainte fois,
et lui caresse tout doucement le sein,
et chez lui dans son palais la ramène.
Maintenant, braves gens, je prie que vous soyez contents.
Ainsi finit ici mon conte de Janvier,
Dieu nous bénisse et sa mère Sainte Marie !
« Eh ! merci Dieu (dit alors notre hôte),
d’une telle femme je prie Dieu de me garder.
Voyez, quelles fourberies et quelles subtilités
il y a chez les femmes ! toujours aussi occupées qu’abeilles
à nous tromper, nous autres simples hommes ;
et de la vérité toujours elles se détournent ;
par ce conte du Marchand cela est bien prouvé.
Pour moi j’ai une femme aussi sûre que l’acier,
sans aucun doute, quoiqu’elle soit pauvre ;
mais pour la langue, c’est une mégère intarissable
et de plus elle a un tas d’autres vices ;
n’importe, passons sur toutes ces choses.
Mais, savez-vous quoi ? je le dis en secret,
il me repent amèrement d’être à elle lié,
car, si je disais tous les vices
qu’elle a, assurément je serais trop sot
et pour cause ; cela lui serait rapporté
et redit par quelqu’un de cette compagnie ;
par qui ? il n’est pas besoin de le dire,
puisque les femmes s’entendent à déballer ces denrées-là ;
aussi bien mon esprit ne suffit pas
à dire tout ; c’est pourquoi mon histoire est finie. »