tout prêts à la disputer par bataille.
Et moi je vous promets que, sans y faillir,
sur ma foi, aussi vrai que je suis chevalier,
celui de vous, quel qu’il soit, qui aura le dessus,
c’est-à-dire que, de lui ou de toi,
celui qui pourra avec sa centurie, comme j’ai dit,
tuer son adversaire ou le bouter hors de lice,
je lui donnerai Émilie pour femme,
celui à qui la fortune accordera si belle faveur.
La lice, je la ferai faire en ce lieu,
et puisse Dieu aussi vraiment avoir pitié de mon âme
que je serai juge égal et fidèle.
Et vous n’aurez rien à attendre de moi
que l’un de vous ne soit mort ou pris.
Et si vous pensez que cela est bien dit,
dites votre avis et tenez-vous satisfaits.
Telle est pour vous la fin et la conclusion. »
Qui pour lors a l’air heureux si ce n’est Palamon ?
Qui ne bondit de joie si ce n’est Arcite ?
Qui pourrait dire ou qui pourrait décrire
la joie qui se fait en toute la place
quand Thésée vient d’accorder si juste grâce ?
Genou en terre mettent gens de tout rang
et le remercient, de tout leur cœur, de toutes leurs forces,
et surtout les Thébains[1] maintes fois.
Et ainsi, l’espoir vaillant et le cœur allègre,
ceux-ci prennent congé et vers leur pays chevauchent,
vers Thèbes aux vieilles et vastes murailles.
⁂
Je crois qu’on jugerait cela négligence,
si j’oubliais de conter la dépense
de Thésée, qui va si diligemment
- ↑ Les Thébains, c’est-à-dire Palamon et Arcite