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s’excusa sur ses infirmités, de ne pouvoir assister aux séances de la chambre. Malgré ce refus, il fut exclu de la chambre des pairs par l’ordonnance du Roi du 24 juillet suivant, pour avoir été nommé par Bonaparte ; mais il fut réintégré le 14 août. Il est mort à Paris, le 1er novembre 1817. Il a publié un opuscule intitulé : Roues à voussoirs et voussoiries ; présenté à l’exposition des jours complémentaires de l’an 10. Paris, in-8o d’une feuille, avec une planche. C’est la description des roues à voussoirs que d’Aboville avait inventées, et qui furent exposées en 1802 parmi les produits de l’industrie nationale. La classe des sciences mathématiques de l’Institut a fait l’éloge de cette invention dans son rapport de 1808.

ABRAAMIUS (Saint), évêque d’Arbelles, souffrit le martyre dans la 5e année de la persécution du roi Sapor II, qui répond à l’an 348 de J.-C.

ABRABANEL ou ABRAVANEL (Isaac) naquit à Lisbonne en 1457. Les généalogistes juifs le font descendre de David, comme les Turcs font descendre Mahomet d’Israël : mais ces généalogies hébraïques et turques sont la plupart aussi fabuleuses que quelques-unes des nôtres. Il eut une place dans le conseil d’Alphonse V, roi de Portugal, qui lui confia des emplois très-importans. Après la mort de ce prince, il fut accusé d’être entré dans une conspiration pour livrer le Portugal aux Espagnols ; et il évita par la fuite le danger qui le menaçait. Il se sauva en Castille, où il fut admis dans le conseil de Ferdinand-le-Catholique ; mais en 1492, lorsque les juifs furent chassés d’Espagne, il fut obligé d’en sortir avec eux. Enfin, après avoir fait différentes courses, à Naples, à Corfou et dans plusieurs autres villes où sa nation errante et superstitieuse était soufferte, il mourut à Venise en 1508, à l’âge de 71 ans. L’auteur des Lettres juives, qui l’appelle Abarbanel, dit qu’il fut enterré à Padoue. Les rabbins le regardent comme un de leurs principaux docteurs, et lui donnent des titres honorables. Il a laissé des Commentaires sur tout l’ancien Testament, fort estimés par ceux qui s’attachent à l’étude de la langue hébraïque. Il est littéral et clair, mais il agite des questions subtiles et inutiles. On a encore de lui : I. Un Traité de la création du monde (publié sous le titre d’Opera Dei), Venise, 1592, in-4o, contre Aristote, qui le croyait éternel. II. Sacrificium Aaschatis, Venise, 1545, in-4o. III. Huit Dissertations, traduites en latin par Buxtorf, et imprimées à Bâle en 1662, in-4o. IV. Commentarius in Pentateuchum, en hébreu, Venise, 1584, in-fol. avec des changemens faits par ordre des inquisiteurs. La première édition sans retranchemens parut à Venise en 1579, in-fol. et fut réimprimée à Hanovre, 1710, in-fol. V. Discursus de Saülis fatis extremis, Helmstadt, 1700, in-4o. Il tâche de justifier ce prince de ce qu’il se donna la mort. VI. Quelques autres Traités, où il parle des chrétiens plus en juif qu’en philosophe. C’était un homme prévenu, vain et orgueilleux, mais infatigable dans le travail. Il passait les nuits entières à l’étude, et soutenait le jeûne très-long-temps. Quoique dans tous ses écrits il se soit emporté contre les chré-