victoire. Ces lions traversant le fleuves furent tués par les ennemis, & bientôt après les Barbares défirent les Romains, qui penserent perdre Aquilée, après avoir laissé plus de 20,000 hommes sur le champ de bataille.
Malgré tant de fausses prédictions, on ne cessoit d’accourir à lui de tous côtés : cela prouve bien combien la superstition a de pouvoir sur les esprits ignorans. La petite ville qu’il habitoit ne pouvoit contenir une si grande multitude, & encore moins la nourrir.
Lucien indigné de la stupide admiration que ce faux prophete inspirait, voulut s’en rapporter à lui-même. Il interrogea le mystificateur, & le trouva chaque fois fort au-dessous de sa renommée ; il en rapporte plusieurs traits. « Un jour, dit-il, que je m’étois enquis du dieu par une demande bien cachetée, si son prophete étoit chauve, il me répondit, par un oracle de nuit : Malach, fils de Sabardalach, étoit un autre Atys. Une autre fois, ayant écrit une même demande en divers billets qu’on lui porta de divers lieux, afin qu’il ne se défiât de rien, il m’ordonna, à l’un de me frotter de cytmide, & de la rosée de latone, ayant été trompé par