de ramener les esprits ; le peuple fut bientôt divisé en deux partis, les émissaires du chambellan Narsès avoient gagné à force d’argent une partie de la faction bleue qui avoit proclamé Hypace. Les uns crioient de toute leur force, vivent l’empereur Justinien & l’impératrice Théodora, tandis que les autres crioient vivent Hypace & Pompée ; en même tems ils se battoient avec fureur, mais ils furent bientôt confondus ensemble par un sanglant carnage. Bélisaire & les autres, dans le Cirque où ils étoient rassemblés, fondent sur eux, on les perce de traits ; on les charge à grands coups d’épée ; tout fuit, on se presse, on se renverse, on s’écrase ; les portes trop étroites pour donner passage à tant de fuyards à la fois, laissent aux soldats le tems de les massacrer. Trente mille hommes périrent dans cette fatale journée ; & ce fut principalement au zele & au courage de Bélisaire disgracié, que Justinien fut redevable de sa conservation.
À la vue de cet horrible spectacle, Hypace glacé de frayeur, n’avoit pas assez de force pour prendre la fuite ; Boraïde & Juste, neveux de Justinien, se saisirent de lui, & le traînerent à Justinien, avec son frere Pompée, qu’on