verneur d’être d’intelligence avec les révoltés : il en écrivit en cour. Le gouverneur fut rappellé, & sa place donnée à l’accusateur ; mais celui-ci se comporta avec tant de hauteur, d’avarice & de dureté, que les habitans se souleverent, & le chasserent de la ville. Cette premiere rébellion les entraîna dans une autre plus considérable. Pour se mettre à couvert du juste ressentiment de l’empereur, ils choisirent Tricomere pour leur roi. Ils lui ôterent ses habits de soldat, lui en donnerent de conformes à sa nouvelle dignité, & se mirent tout d’une voix sous la protection de sa valeur.
Son parti devint bientôt assez puissant pour donner de l’ombrage à Dolianus qui se voyoit en même temps deux ennemis sur les bras. Il pressentoit qu’en se déclarant ouvertement contre Tricomere, ils se détruiroient l’un & l’autre, & avanceroient le triomphe des Grecs. Il essaya d’obtenir par la ruse ce que la fortune sembloit lui refuser par la force. Il écrivit au roi de Dirrachium en termes obligeans, pour lui témoigner le plaisir qu’il ressentoit de l’avoir pour collegue & pour appui : il le pria avec instance de venir partager avec lui la souveraine autorité sur toute la nation des Bulgares.