la misere du pays, peu propre à faire subsister des armées. Ils étoient encore excités à faire valoir cet avis par le soldat, qui espéroit s’enrichir des dépouilles de l’Angleterre : ainsi ce dernier sentiment prévalut. On passa la mer, on aborda dans la province de Lancastre, on s’avança dans celle d’Yorck avec un ordre & une discipline affectées pour gagner les peuples, mais qui n’eut pas pourtant grand effet : fort peu de gens, à la réserve de Broughton & de ses amis, s’étoient joints à l’armée rebelle, & les Bretons n’étoient pas disposés à la recevoir favorablement.
Deux choses attacherent les peuples à Henri dans cette importante rencontre ; l’une, que les Anglois eurent honte de recevoir un roi de la main des Irlandois & des Allemands, ceux-ci étrangers, ceux-là sujets de la couronne d’Angleterre ; l’autre fut l’activité d’Henri VII, connoissant toutes les suites d’une rebellion, il avoit usé de diligence pour lever des troupes, & d’industrie pour gagner les provinces qu’il avoit prévu devoir être les plus favorables à ses ennemis, & celle d’Yorck en étoit une. Il vint au-devant des rebelles avec une armée considérable ; mais il étoit incertain s’il en