LE FAUX RICHARD, en 1494.
La duchesse douairiere de Bourgogne, appellée la Junon du roi d’Angleterre (parce que sa haine contre lui étoit aussi implacable que celle de Junon contre Énée), ne s’étoit pas rebutée par le mauvais succès du faux Édouard ; elle lui substitua un faux Richard. Son premier soin fut de répandre que Richard, duc d’Yorck, second fils d’Édouard IV, vivoit encore ; qu’il avoit échappé aux mains des bourreaux par la compassion qu’il leur avoit inspirée, & qu’il les avoit même touchés à tel point de les engager à le soustraire à la cruauté de l’usurpateur, en lui aidant à sortir de la tour, & à chercher une retraite. Quand ce bruit fut assez accrédité, elle chercha un sujet propre à jouer le rôle de Richard : il s’en présenta un qui ne lui laissa rien à desirer pour remplir ses vues.
Son âge étoit à-peu-près le même que celui du duc d’Yorck, s’il eût vécu ; la nature avoit formé à son gré ce simulacre de roi ; son visage, sa taille avoient