Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/275

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suite de tous côtés la cavalerie Portugaise. Ces troupes accablées par le nombre, tomberent, en se retirant, sur leur infanterie, & elles y porterent la terreur, le désordre & la confusion.

Les infideles se jetterent aussi-tôt, le cimeterre à la main, dans ses bataillons ouverts & renversés, & ils vainquirent, sans peine, des gens étonnés & déja vaincus par une frayeur générale. Ce fut moins dans la fuite un combat qu’un carnage : qu’on se représente toutes les horreurs de la guerre, & tout ce que la rage peut inspirer de plus cruel à des hommes dont le sang envenimé brûle de répandre celui de leurs semblables. Les uns se jettoient aux genoux du vainqueur pour demander la vie ; les autres cherchoient leur salut dans la fuite ; mais comme ils étoient enveloppés de tous côtés, ils rencontroient par-tout l’implacable ennemi & la mort. L’imprudent dom Sebastien périt dans cette occasion, soit qu’il n’eût pas été reconnu dans le désordre d’une fuite, ou qu’il eût voulu se faire tuer lui-même, pour ne pas survivre à la perte de tant de gens de qualité que les Maures avoient massacrés, & que lui-même avoit, pour ainsi dire, entraînés à la