trône des czars. Marie lui répondit en termes formels que cet imposteur n’étoit point son fils, qu’elle ne l’avoit reconnu pour Demetrius que par la crainte d’une mort prochaine, voyant tout le monde le proclamer comme fils d’Yvan, & frere utérin de Théodose.
Cette réponse fut l’arrêt de mort de Griska, qui auroit été plus heureux dans son cloître, si la modération de ses desirs avoit su l’y fixer. Les Strelitz l’abandonnerent à la fureur du peuple ; il se vit de nouveau en butte aux outrages les plus cruels : c’étoit une victime qu’on s’arrachoit. Un marchand se livrant aux derniers transports de la fureur, lui posta sur la tête un coup de bâton, & l’abattit à ses pieds. Tous ceux qui étoient présens voulurent avoir part au meurtre ; ils se disputoient le plaisir de le frapper. En vain ce malheureux prince imploroit le secours de ses soldats, de ses amis ; ses cris, ses plaintes, ses gémissemens, ne faisoient qu’irriter la fureur du peuple, qu’on peut comparer dans ces moments à un chien enragé. Il périt enfin sous les coups, & on continua pendant quelque tems à outrager son cadavre. On le traîna par toute la ville, & on le laissa exposé pendant tout le jour dans la place du marché.