à terre, en réclamant le secours du peuple.
Une nombreuse populace se rangea autour de lui. Il leur dit tout en colere : Il faut que je sois pendu, ou que je délivre cette ville des impositions. On commença d’abord à le tourner en ridicule, en lui disant : Voilà un beau personnage pour un si grand dessein. Mazaniello en colere, leur réplique : Ne riez point : si j’en avois deux ou trois de mon humeur, vous verriez ce que je saurois faire. Et que ferois-tu, lui dirent quelques mécontens ? Donnez-moi votre parole d’honneur, répondit le fruitier, que vous ne m’abandonnerez point, & vous verrez ce que je ferai. Comme on le vit déterminé, plusieurs mécontens profiterent du mouvement que ses discours donnoient aux esprits. On le favorisa secrétement : il arma environ 2000 artisans avec de gros bâtons ferrés, achetés des deniers qu’ils mendioient de boutique en boutique.
Lorsque les commis se présenterent de nouveau pour lever l’impôt sur le fruit, ils furent repoussés à coups de pierres. Alors Mazaniello voyant qu’ont leur avoit fait prendre la fuite, monta sur une des plus hautes tables des fruitiers, & harangua le peuple à sa maniere.