Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/329

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des veines de mon corps, & que cette tête en soit détachée, & qu’en cette place je sois pendu à un poteau, comme auteur du soulévement : je mourrai content & glorieux, pourvu que je rétablisse l’honneur de ma patrie ».

Ce discours tout grossier & tout extravagant qu’il étoit, produisit un effet merveilleux, parce qu’il étoit adressé à des hommes qui n’étoient pas faits pour des choses plus relevées. Le nombre des rébelles augmenta considérablement ; on en comptoit jusqu’à 10,000, tous prêts à exécuter les ordres de leur chef. Mazaniello les mena d’abord au bureau des gabelles, où ils mirent le feu, en criant : Vive le roi, au diable le mauvais gouvernement. De-là ils coururent au palais du vice-roi : les 2000 jeunes gens qui s’étoient d’abord enrôlés au service de Mazaniello étoient à la tête, portant en guise d’étendard un chiffon de toile noire, attaché au bout d’une canne, & tenant à la pointe de leurs hallebardes & de leurs bâtons le pain que les boulangers leur vendoient fort cher, à cause des taxes. Ils crioient de toute leur force : Vive le roi d’Espagne, & point de Maltote ; ensuite poussant des hurlemens lamentables ; Ayez pitié, disoient-ils, des ames