Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entiers dans ces horreurs, plus dignes d’un peuple barbare que des hommes policés. Enfin lorsque la rage fut assouvie, on parla de paix ; Mazaniello la donna telle qu’il voulut, & en souverain. On chanta le Te Deum, comme pour une victoire. Mazaniello se produisit dans les rues de Naples comme un triomphateur ; il harangua le peuple, mêlant dans ses discours tantôt le soleil, tantôt la lune, & montrant dans ses propos, ainsi que dans sa conduite, le plus insensé des tyrans. Mais son triomphe fut de peu de durée, il ne survécut que deux jours à la gloire du traité. Les honneurs qu’on lui rendoit, la bonne-chere & les veilles qu’il avoit employées à régler toutes choses comme il avoit imaginé, & d’une maniere infiniment bizarre, lui avoient si fort dérangé la cervelle, que ses extravagances ayant attiré le mépris public, le vice-roi le fit tuer à coups d’arquebuse ; un boucher lui coupa la tête, & on la promena sur la pointe d’une hallebarde. Son corps fut traîné par les rues, sans que le peuple se mît en peine de l’empêcher. Ses principaux complices eurent le même sort que lui, & les cris redoublés vive le roi d’Es-