comme s’il étoit plus facile de rendre à la vie un souverain, que le dernier de ses sujets. Cette ruse grossiere n’avoit pas même le mérite de la nouveauté, le moine Griska & d’autres fourbes l’avoient mis en usage avant lui, mais dans siecles de barbarie & d’ignorance. Des absurdités pareilles, aussi peu vraisemblables, devoient être rejettées dans un empire aussi éclairé, où les sciences sont portées au suprême dégré, où les arts ont acquis la protection la plus spéciale, & où les talens en tout genre sont récompensés avec autant de magnificence que de libéralité.
Cet imposteur, en prodiguant les plus belles promesses, en prônant l’indépendance, en vantant les douceurs d’une vie sans discipline & sans frein, vint néanmoins à bout de se faire seconder dans sa téméraire entreprise par des gens aussi mal intentionnés que lui : il parvint à faire révolter une partie de l’empire. Le gouvernement sentit combien il étoit important d’arrêter cette sédition, & de prévenir les dangers qu’elle pourroit entraîner. On sait que dans le tems de cette guerre civile la Russie avoit à en soutenir une autre contre la Porte. L’impératrice ne perdit pas un moment pour