Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/81

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Un discours si touchant, & le triste spectacle de voir aux pieds de Vespasien Ëponine & ses deux enfans qui demandoient grace pour leur pere, porterent la compassion dans le cœur de tous ceux qui étoient présens. Personne ne doutoit que l’empereur n’accordât la vie de Sabinus aux soupirs de son épouse & aux larmes de ces deux innocens, qui la demandoient d’une maniere si tendre. Un si rare exemple d’amour conjugal méritoit même que Vespasien donnât Sabinus à la fidélité & à la tendresse de sa femme ; mais ce prince fut inexorable, & condamna Sabinus à la mort, afin d’intimider par cette sévérité assez hors de saison, ceux que l’ambition pourroit porter à la révolte.

Eponine voyant son mari condamné, voulut être la compagne de son supplice ; & se dépouillant des graces & de la douceur de son sexe, prit un aspect fier & viril, & dit à Vespasien de l’air le plus intrépide, qu’elle méprisoit la vie, puisqu’elle avoit vécu pendant neuf ans avec Sabinus dans les ténebres & dans les ombres d’une caverne plus contente & plus satisfaite que lui au milieu de l’éclat & de la pompe qui environnent le trône. Elle lui reprocha hardiment sa