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LES FAUX NÉRONS, vers l’an 80 de Jesus-Christ.


Quoique Néron fût mort souillé de la haine & de l’exécration publique, croiroit-on que pendant plusieurs années il y eût des hommes assez bizarres & assez inconséquents pour honorer la mémoire & le tombeau de ce monstre ? Cela fut néanmoins ; & ce qui irrite dans le moment la haine du peuple, devient bientôt après, par un esprit de vertige, l’objet de son attachement. Le menu peuple & les soldats des gardes accoutumés au spectacle, & privés d’un amusement qui récréoit leur loisir, conservoient toujours un tendre souvenir pour lui : on voulut faire même croire qu’il n’étoit pas mort ; on disoit qu’il reviendroit bientôt, & qu’il se vengeroit de ceux qui s’étoient déclarés contre lui. On affichoit divers édits donnés en son nom, comme s’il étoit encore en vie.

Dès l’an 69, un esclave ou un nouvel affranchi voulut se faire passer pour Néron. Ce qui contribuoit à appuyer sa fourberie, c’est qu’outre la ressemblance