ALEXANDRE D’ABOTONIQUE, vers l’an 180 de J. C.
L’histoire de cet imposteur est célebre par la place qu’elle occupe dans les œuvres de Lucien ; notre intriguant (car c’est le nom qui lui convient le mieux, vu qu’il n’avoit excité aucune révolution, & qu’il s’étoit borné à faire des dupes) étoit d’une ville maritime de la Paflagonie, appellée Abotonique, ou château d’Abon.
La nature avoit prodigué à ce charlatan tous les dons extérieurs qui flattent le peuple. Il étoit grand & bien fait, de la plus jolie figure ; des yeux qui annonçoient de l’esprit, un teint fleuri, un organe flatteur, le ton doux, mielleux & affable, ne pouvoient que prévenir en sa faveur. Il réunissoit à ces talens une aimable vivacité, & beaucoup de mémoire ; il étoit doué de toutes les qualités pour faire le bien, mais il en mésusa pour se porter au mal.
Son premier métier l’associa à un bateleur qui s’avisoit de faire le magicien. Après avoir passé une partie de sa vie à