Page:Chaumont - Relation de l'ambassade de Mr le Chevalier de Chaumont à la cour du Roy de Siam, 1733.djvu/12

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Relation


neur, & le prier de me donner la liberté d’envoyer des malades à terre, de faire de l’eau, & de prendre des rafraichiſſemens. Il fit réponſe qu’il n’étoit pas le maître à Bantam, qu’il n’y étoit que comme conduiſant des Troupes auxiliaires, & que c’étoit le Roy de Bantam qui commandoit, & qui ne vouloit donner entrée à qui que ce ſoit. Les Hollandois ſe ſervent du nom de ce Roy, parce qu’ils ne veulent pas recevoir des Vaiſſeaux étrangers, principalement ceux qui viennent d’Europe. Depuis qu’ils ſont maîtres de cette Place ils en ont chaſſé toutes les autres Nations. C’eſt une grande Ville & fort peuplée de naturels du païs. Avant que les Hollandois en fuſſent maîtres, c’étoit la Place des Indes du plus grand commerce ; on y venoit d’Europe, de Perſe, de la Chine, du Japon, de l’Empire du Mogol, & des autres Regions des Indes ; à preſent les Hollandois font tout le commerce, qui leur eſt d’un très-grand profit, & l’on pouvoit autrefois comparer cette Place à Cadix en Eſpagne. Auſſi-tôt que j’eus reçû la réponſe du Gouverneur, qui me fit néanmoins dire que ſi je voulois aller à Batavia j’y ſerois tres-bien reçu, je levay l’ancre & je me mis à la voile pour m’y rendre ; il n’y