vent arriere, nous nous divertiſſions à voir
une chaſſe assez plaiſante qui ſe donnoit
par les Albucorps & les Bonnittes, & un
petit poiſſon qui ſe nomme poiſſon volant,
qui quand il ſe voit pourſuivi des
poiſſons qui en font leur nourriture, ſort
hors de l’eau & volle tant que ſes aîles
ſont humides, c’eſt à dire auſſi loin que le
vol d’une caille ; mais il y a un oiſeau que
l’on nomme paille en quëu, qui porte ce
nom à cauſe d’une grande plume qu’il a à
la queüe ſurpaſſant les autres de plus d’un
grand demy pied, & qui a la figure & presque
la couleur d’une paille ; il eſt toûjours
en l’air & quand il voit ce poiſſon vollant
ſortir de l’eau, il ſe laiſſe tomber
deſſus comme fait un oiſeau de proye
ſur le gibier, & quelquefois ils vont plus
d’une braſſe dans l’eau le chercher, ſi bien
que le poiſſon volant ne peut pas manquer
d’eſtre pris.
Le 15. Février nous nous trouvâmes par le travers de l’Iſle Maurice où nous eûmes un coup de vent qui nous dura trois jours ; la Mer étoit extrêmement groſſe & nous tourmenta beaucoup, les coups de mer paſſoient frequemment pardeſſus le Vaiſſeau, , & nous obligeoient à pomper ſouvent a cauſe de l’eau que nous recevions.