d’Affrique. Nous allâmes paſſer devant
le Détroit de Malaca, qui a trois ou quatre
paſſes ou entrées ; les courans y ſont
fort grands, & ſe trouvèrent tantôt pour
nous, & tantôt contre, ce qui nous fit
moüiller fort ſouvent ; car quand le calme
nous prenoit, les courans nous emportoient
fort au large, & nous ne quittâmes
pas cette côte à cauſe des vents qui regnent
toujours du côté de la terre, & qui
nous pouſſoient à nôtre route. Je croy
que l’air de ce païs-là eſt fort bon, car
nous avions beaucoup de malades, & ils
furent tous guéris.
Le cinquiéme nous nous trouvâmes par le travers de l’Iſle de Polimon, qui eſt habitée de Malais, peuples Mahometans. Elle eſt tres bonne & tres-fertile ; elle obéit à un Prince qui la gouverne. La Reine d’Achili y a des pretentions, & pour cet effet elle y envoye tous les ans quelques Vaiſſeaux ; mais comme ce Prince ne veut point avoir de guerre avec elle, ſes peuples luy payent quelque tribut. Il en vint à nôtre bord un petit canot, qui nous apporta quelques poiſſons & quelques fruits. Cette Iſle eſt éloignée de la terre ferme d’environ ſix lieues ; une partie de ſa côte a été autrefois foumiſe au Roy de Siam, mais elle eſt poſſedée depuis quel-